La relation de Domination et Soumission — souvent abrégée D/s — est l’un des fondements du BDSM. Elle repose sur un échange de pouvoir volontaire entre deux individus (ou plus) qui, en toute conscience et avec consentement mutuel, décident d’explorer des rôles complémentaires : l’un incarnant l’autorité et la direction, l’autre l’abandon et la confiance. Cette dynamique est avant tout psychologique et émotionnelle avant d’être physique. C’est un jeu d’équilibre, de communication et de respect profond.
La D/s désigne l’ensemble des pratiques où une personne, appelée Dominant·e (Dom ou Domina), prend symboliquement ou concrètement le contrôle sur une autre personne, appelée soumis·e. Cet échange de pouvoir n’a de sens que lorsqu’il est pleinement consenti et fondé sur la confiance. Le/la Dominant·e n’impose pas sa volonté de manière unilatérale : il ou elle agit dans le cadre d’un rôle accepté par la partie soumise. L’essence de la D/s n’est donc pas la contrainte, mais la permission donnée.
Dans le BDSM, on parle souvent de la notion de « pouvoir offert » : la personne soumise ne perd pas sa liberté, elle choisit de la céder temporairement dans un cadre précis. De même, le/la Dominant·e ne cherche pas à nuire, mais à guider, protéger et diriger selon les limites établies. La D/s se fonde sur la triade essentielle du BDSM : sécurité, santé et consentement (SSC — Safe, Sane, Consensual).
Bien que les dynamiques de pouvoir fassent partie de l’histoire humaine depuis toujours, la reconnaissance moderne de la D/s comme pratique érotique et relationnelle remonte aux années 1950-1960, notamment dans les sous-cultures fétichistes et homosexuelles de San Francisco, Berlin et Londres. C’est à cette époque que la D/s a commencé à être documentée, théorisée et vécue ouvertement comme une exploration consciente du rapport à l’autorité, à la liberté et à la vulnérabilité.
Aujourd’hui, la D/s dépasse largement le cadre sexuel : de nombreuses relations intègrent cette dynamique comme une manière d’exprimer la confiance, l’équilibre et la complémentarité entre partenaires. Certains couples la vivent ponctuellement, d’autres en font une structure quotidienne de leur relation.
Dans une relation D/s, chaque personne choisit un rôle qui lui correspond :
Ces rôles ne sont pas figés. Ils reflètent la personnalité, le vécu et les envies de chacun. Ce qui compte, c’est la transparence et le respect mutuel.
La D/s exige une communication ouverte, honnête et continue. Avant toute expérience, les partenaires discutent des limites, des attentes et des mots de sécurité (“safe words”). Ces discussions ne sont pas un détail, mais la base même de la confiance. Dans le cadre D/s, un silence n’est jamais interprété comme un consentement.
La communication continue après la scène : c’est le moment de débriefer, de partager les ressentis et de renforcer le lien. Cette étape — appelée aftercare — permet d’apaiser les émotions et de nourrir la confiance entre les partenaires.
Vécue sainement, la D/s peut renforcer la confiance en soi, la complicité et la connaissance mutuelle. Pour certain·es, elle représente une forme de libération émotionnelle : lâcher-prise pour le/la soumis·e, responsabilité et écoute pour le/la Dominant·e. Ces échanges de pouvoir peuvent aussi révéler des dimensions profondes de la personnalité et favoriser une meilleure gestion du contrôle et de la vulnérabilité.
Cependant, comme toute pratique BDSM, la D/s demande du discernement. Une relation D/s non consentie, mal encadrée ou basée sur la manipulation n’est plus du BDSM, mais une forme d’abus. D’où l’importance d’un cadre clair, d’un dialogue sincère et d’une vigilance constante.
La Domination et la Soumission ne se résument pas à des gestes, mais à un langage émotionnel entre deux individus qui se font confiance. Ce n’est pas la force qui définit la D/s, mais la conscience et la bienveillance. Dans sa forme la plus pure, cette dynamique transcende la simple pratique érotique pour devenir une véritable exploration de soi et de l’autre.